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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 23:27

                                                                            
                                                                           Lomé, le 27 Octobre 2008
                                                                          

                                                                          Monsieur Faure Gnasingbé
                                                                          Président de la République
                                                                          Présidence de la République
                                                                          Lomé
                                                                          République du Togo


Objet : Lettre ouverte

 Monsieur le Président de la République,

Au nom de notre parti, le PRR, et de tous les progressistes, je vous adresse cette lettre ouverte, en commençant par rappeler que la providence a permis, dans des circonstances troubles, le dépôt en vos mains de la destinée de notre pays et que vous devez veiller sur elle. Ses raisons étant partiellement inconnues, je n’ai pas d’idées préconçues. Cependant, je sais que vous n’ignorez pas que c’est l’usage d’un pouvoir que les peuples considèrent comme illégitime et qu’ils regardent comme usurpé qui paralyse leur résolution aux efforts et entrave leur adhésion à l’action politique. Il arrive que cette même providence procure des opportunités pour la rédemption et le renouveau. C’est ce qu’elle vous offre en ce moment et notre parti est chargé de vous le rapporter.

La misère ambiante dans le pays, la déliquescence de l’opposition nationale et la grave crise financière mondiale sont des motifs pour des actions audacieuses, novatrices et sagaces. Ce n’est pas le moment de s’embarrasser de préceptes surannés et inadaptés aux conditions du temps. L’essentiel étant de sauver un peuple en perdition et un pays en naufrage. Vous le pouvez. C’est la raison de la bonne disposition de notre parti à votre égard, parce que nous croyons à la rédemption. Votre prédécesseur avait été abusé par des conseillers et des collaborateurs malicieux et corrompus. Il ne voulait pas le parti unique. Ils le lui ont imposé avec toutes les tares et les violations des droits humains. Ces thuriféraires en avaient profité pour caporaliser le peuple et organiser la rapine des ressources nationales avec la complicité d’étrangers. Ainsi, des projets comme la CIMAO, la raffinerie de pétrole, l’aciérie, etc., avaient englouti des centaines de milliards de nos francs. L’emblème qui témoigne toujours de leur déprédation est l’hôtel du 2 Février. Ils ont fait croire à la construction d’un hôtel de 36 étages alors qu’il n’y a rien entre le 2è et le 11è étage. Dans son bilan, on ne retient généralement que les aspects négatifs de son règne. Mais pour progresser, il est indispensable d’identifier les forces et les faiblesses d’une nation, de s’appuyer sur ses forces pour construire son progrès. Le Togo a abrité les signatures de trois conventions entre l’Union Européenne et les ACP. Il a créé la CEDEAO avec le Nigeria. Il a demandé en 1972 le transfert en Afrique du siège de la BCEAO.

Notre pays dispose de considérables atouts dont un capital humain inestimable. Personne ne peut nier que les ressources humaines sont les premières richesses des nations. Le temps est propice pour la mobilisation de toutes les énergies créatrices du pays, en vue de les engager dans la reconstruction nationale. Pour y parvenir, vous devez interrompre la politisation excessive de la société. Vous devez mettre un terme à cette bipolarisation conflictuelle déjà ruineuse et funeste pour l’avenir. La massification sociale et politique de la nation a fait que l’expression de la volonté populaire n’est pas éclairée et se fonde toujours sur des ressentiments et de la farce. Aucune élection ne peut, dans l’état actuel du pays, servir à assurer sa stabilité et garantir sa reconstruction. Je suis persuadé qu’une victoire du RPT ou celle éventuelle de l’UFC en 2010 ne permettra pas un dénouement de la crise. Les deux partis sont obligés de s’entendre dans le seul intérêt national pour gouverner ensemble ou disparaître, afin de laisser la place à des patriotes, désireux de refaire l’unité du pays et d’engager son redressement.

La démocratie représentative, telle qu’elle est pratiquée dans les pays occidentaux, n’est plus une solution viable aux crises que traversent les nations. Elle doit être réinventée. Les allemands l’ont bien admise et ont formé une coalition gouvernementale entre la CDU et le SPD. Les chinois ont saisi cette évidence et ont préféré expérimenter le mode de deux systèmes pour un pays de Deng Xiaoping. En période de crise, on ne continue pas à diviser un peuple, on s’efforce de l’unifier et on suspend, au moins provisoirement, les antagonismes politiciens. Notre parti demande donc expressément la cessation des rivalités entre le RPT et l’UFC et leurs rhétoriques de la division. Il vous suggère de mettre le sort de nos compatriotes au-dessus des intérêts partisans des deux partis et des ambitions personnelles. Il vous implore d’organiser un grand forum rassemblant pendant une semaine la diaspora et des forces vives de l’intérieur en Août 2009 pour proposer des solutions pratiques pour le renouveau.

Par ailleurs, le PRR attire votre attention sur le fait qu’aucune force extérieure ne peut se substituer aux togolais pour décider de leur destin et ne pourra jamais fournir les moyens suffisants dont nous avons besoin pour notre développement. Les aides extérieures ne sont que des expédients dont l’objectif final est la domination et le paternalisme. Un homme ou un pays n’est pas libre s’il dépend d’un autre. L’Europe envisage de signer un accord de mise à la disposition de la CEDEAO de 600 millions d’euros avec des conditions. C’est une insulte à notre intelligence. Au moment où un petit pays, l’Irlande, se garantit pour 400 milliards d’euros, soit plus de 2 fois son PIB de 190 milliards d’euros, on propose à toute l’Afrique de l’Ouest cette somme misérable. C’est l’assurance pour pérenniser la pauvreté en Afrique.

Les pays occidentaux ont surestimé leurs actifs réels et ont gonflé leurs richesses nationales par des actifs toxiques. Ils achètent maintenant ces actifs toxiques par la création monétaire et augmentent ainsi leurs PIB. Malgré leurs dettes colossales, cette pratique rouée les met en position de force. Pour éviter le développement de l’Afrique et toute contestation de leurs pratiques iniques, ils nous infantilisent et nous culpabilisent, en nous accusant de ne pas pratiquer la démocratie et la bonne gouvernance. Quelle leçon de bonne gouvernance avec les déficits abyssaux de leurs gouvernements et les escroqueries gigantesques dans les banques ?

Quand notre mouvement de progressistes attaquait Alan Greenspan, les flibustiers disaient que c’était un génie et le considéraient comme un gourou de la finance. On lui impute aujourd’hui la responsabilité du désastre financier dont les conséquences seront terribles pour les populations. Quand nous dénoncions le traité de Maastricht et son pacte de stabilité, les corsaires nous traitaient d’ignorants et nous méprisaient. Aujourd’hui, ils réalisent leurs incompétences et inconséquences. Ils court-circuitent le traité sans le dire. On n’a jamais raison contre cette engeance, qui a pris le monde en otage et dont la tyrannie est sans commune mesure avec ce que le monde a connu jusqu’à présent. Ils tuent sans armes et en toute bonne conscience.

Je demande depuis des années la révision du traité funeste et désuet de l’UEMOA. Mais aucun dirigeant africain ne se sent alarmé pour demander sa révision. Pendant combien de temps encore allons-nous faire confiance à des institutions qui nous déshumanisent et dont les prescriptions économiques et financières déciment nos populations ? Leurs préceptes doivent être abandonnés dans le cadre de la refonte du système financier, monétaire et économique mondial. Il n’y a pas de salut dans la voie du recours à l’aide que votre gouvernement a embrassé. C’est la corde du pendu et elle conduit à plus de misère, d’aliénation et de malheur.

Monsieur le Président de la République, vous avez besoin de rassembler à nouveau les togolais ; mais autour d’une vision et d’un projet de liberté et de prospérité. Ce projet devra libérer les énergies nationales pour la création de richesses. Notre pays a un destin particulier. Il attend celui qui fécondera les ardeurs. La rédemption et un nouveau départ sont possibles.

Quand Barack Obama sera élu le 4 novembre prochain, les américains auront renoué avec les valeurs de l’humanisme et de liberté. L’Afrique et notre pays doivent aller à la rencontre de cet avènement et l’accompagner dans son accomplissement. Tout autre résultat serait une catastrophe pour le monde. La mondialisation ou la globalisation ne conduira au chaos que si les valeurs de métissage culturel, racial et l’interdépendance économique continuent d’être bafouées. Le Togo doit retrouver son rôle et son rythme de développement d’avant 1985. Les extrémistes de tous les camps doivent arrêter leurs besognes de destruction du pays et de déchirement du tissu social.

Monsieur le Président de la République, soyez audacieux et novateur. Vous êtes jeune et c’est votre temps. N’écoutez pas les conseils de pusillanimité et prenez tous les risques pour votre postérité, le bien-être de notre peuple et le prestige de notre pays. La construction d’un pays n’est pas une question de compétence bureaucratique mais de volonté politique et d’ambition nationale. Si vous ne croyez pas que l’histoire vous a donné le mandat pour cicatriser nos blessures, exalter notre humanité commune et choisir les meilleurs d’entre nous pour contribuer au redressement national alors mon intercession est vaine. Nous savons que des hommes d’Etat arrivent au pouvoir par les armes mais en sortent glorifiés. C’est la tragédie de l’histoire humaine.

Veuillez trouver ici, Monsieur le Président de la République, l’assurance de ma haute considération.

 

                                                                       Nicolas LAWSON

                                                                       Président du PRR

 

 

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