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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 19:15

 

Il y a une réalité économique qui pose problème aux autorités et aux économistes, c’est la question des déficits des Etats. On redoute qu’il ne représente une bombe à retardement pour l’économie mondiale. Mais dans tous les cas, cette réalité fausse les analyses que les économistes avaient l’habitude de faire.

 

D’ailleurs, le fait, que certains pensent dorénavant, surtout les ultra-libéraux et contrairement à leur affirmation dans le passé, que c’est un mirage sans réelle gravité, prouve bien que l’économie n’est pas une science. Cependant, les plus sérieux des experts conviennent que la situation actuelle des déficits américains, européens ou japonais n’est pas tenable.

 

Dans les années 90, le déficit américain était presque nul. Il avait atteint 800 milliards de $ en 2005, soit 6,4% du PIB américain et 1,5% du PIB mondial. Quand le nouveau secrétaire du trésor de l’administration Obama avait fait connaître le déficit du budget au début de l’exercice en Octobre 2009, il avait provoqué le vertige chez les incrédules. Le déficit était estimé à plus de 1.000 milliards de $, soit plus de 525.000 milliards de FCFA.

Selon les calculs du Congrès pour l’exercice précédent, les recettes avaient plongé de 18% et les dépenses s’étaient envolées de 21% à cause des mesures de sauvetage des banques et du plan de relance de l’économie de 787 milliards de $. Au rythme actuel, le déficit fédéral dépasserait 12% du PIB sur l’ensemble de l’année budgétaire (Oct 2009 – Oct 2010) estiment les économistes les plus réalistes. Le plan de relance américain était censé sauver ou créer 3,5 millions d’emplois. Mais en 4 mois et demi, les Etats-Unis ont supprimé 2 millions d’emplois. Ce qui justifie les prévisions pessimistes.

 

Devant les incertitudes qui planent sur les Etats-Unis, des pays, dont principalement la Chine et la Russie, remettent en question la suprématie du dollar et son statut de monnaie de réserve. L’ampleur du déficit américain serait logique si le pays était une jeune nation, qui avait besoin d’investissements massifs pour ses infrastructures. Mais il s’agit de la plus grande nation et la plus avancée des économies mondiales dans laquelle la majeure partie des capitaux sert à financer la consommation publique et privée. Or le déficit est synonyme d’endettement. Il faudra bien le combler tôt ou tard ou le rembourser. On voit mal comment cela sera possible, dans la mesure où les importations du pays dépassent largement ses exportations, soit de 60%, et les actifs bruts étrangers inférieurs aux engagements bruts extérieurs. Les Etats-Unis dépensent beaucoup plus qu’ils ne produisent et la part d’épargne brute dans le PIB diminue depuis les années 80. Ce sont les flux financiers en provenance d’Asie et d’Europe essentiellement qui ont stimulé les investissements dans le pays en permettant une accumulation de capital. C’est sûrement un problème car l’économie américaine risque un jour d’épuiser sa marge de crédibilité.

 

Malheureusement, ce n’est pas seulement le déficit américain qui est problématique. Les déficits du Japon et des pays européens sont aussi un gros problème. Mise à part la Pologne, tous les pays de l’Union Européenne connaissent des déficits très importants. L’activité économique des pays baltes a le plus souffert de la crise en 2009. Il y avait eu une récession de l’ordre de 18,1% du PIB en Lituanie, 18% en Lettonie et 13,7% en Estonie. L’Allemagne et le Royaume Uni avait connu une récession respective  de moins 5% et de moins 4,6%. Le déficit de la Hongrie avait atteint 11% et celui de la France plus de 7%.

 

En 2010, la majorité des 27 pays de l’Union Européenne prévoit de renouer avec une croissance qui restera toutefois en dessous de 2%. En dehors des pays baltes, l’Irlande, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie, le Portugal, etc ; qui connaîtront encore une croissance négative. La dette va exploser en Italie et en Grèce pour atteindre respectivement 114,6% et 112% de leur PIB, loin des 60% maximum autorisée par le Traité de Maastricht. La France présente une dette publique supérieure à 76% de son PIB en 2009. Aucun des pays européens n’est en mesure de respecter le dogme de 3% de déficit du budget qu’impose le pacte de stabilité sans provoquer une grave crise économique, des troubles sociaux et l’explosion du chômage.

Alors peut-on agir juste pour inverser  le cours des choses ? Forcément oui, même s’il n’y a pas de solution facile en économie. Les décisions prises en Grèce, en Italie, en Espagne, au Royaume Uni, en Hongrie, etc ; ne sont pas les meilleures. Il faudrait une décision de politique économique globale de relance au sein de l’Union Européenne. Elle devrait s’inspirer de la politique de relance des Etats-Unis pour la réhabilitation ou la construction des infrastructures, de régulation des marchés boursiers et des institutions financières, de moratoires sur les dettes publiques, d’éradication des poches de pauvreté dans les banlieues, etc.

 

L’occasion est bonne pour réformer le système de Brettons woods. Il est aussi temps que les Etats retrouvent leurs souverainetés monétaires et budgétaires et que des banques nationales récupèrent leurs statuts préalables à la création des banques centrales. Que ces dernières servent de régulatrices et remplacent les agences de notation pour contrôler les banques nationales, toutes les institutions financières et les marchés boursiers. Le dollar ne peut plus continuer à être la seule monnaie de réserve dans le monde. On doit mettre en place dans le cadre du G20 un panier de monnaies de réserve composées du dollar, de l’euro, du yen et du yuan. La Banque Mondiale et le FMI doivent être réformés et on devra leur assigner un nouveau rôle et même envisager de les fusionner.

 

Les mesures d’austérité prises en Europe, à la suite des pays africains, sont ruineuses pour les pays et les peuples. Nous vivons une ère de rupture. L’aveuglement à croire que le marché peut tout faire ; qu’il faut laisser aux banques centrales le pouvoir d’imprimer les monnaies et de renflouer des banques privées mal gérées et d’agir uniquement sous la pression des bourses est funeste. Les déficits sonnent le glas de l’économie de marché. Inventons la nouvelle philosophie économique.

 

Nicolas LAWSON

Directeur de société

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