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23 octobre 2006 1 23 /10 /octobre /2006 15:29

REMISE EN CAUSE, CO-DEVELOPPEMENT ET ESPERANCE

 

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Tout homme d’Etat est, pour l’essentiel, aux prises avec son époque. Il est porté à laisser une marque profonde et à être un homme d’action. Sa volonté d’engagement, qui le met aux prises avec les dures réalités de la vie, ne peut que tremper son cœur et son esprit. Il intervient donc de tous ses moyens dans la politique de son pays et joue un rôle exemplaire dans son histoire. Le talent, dont il est doté, sert à redresser le cours des choses, qui vont de travers, et impose le trait dominant de sa personnalité. Ses engagements ne sont pas le fruit d’une improvisation, mais l’aboutissement d’une profonde analyse et l’application aux faits humains et politiques d’une longue réflexion.

Aussi, il procède suivant des réalités et non d’après des rêves, comme se l’imaginent les simples esprits. Ses réflexions se nourrissent par comparaison et analyse, ou procèdent des échanges de vue avec de grands esprits. Ainsi, ses analyses et ses réflexions mettent en lumière une intime conviction, qui relie entre elles ses prises de position et constitue le fil conducteur de sa vie. Ce qui inspire toutes ses déclarations, ses écrits et commande son comportement, c’est la certitude qu’il doit apporter, à la situation et à l’histoire de son pays, une culture à l’échelle et au service de l’homme et qu’il est investi d’une mission particulière.

Pour ce qui me concerne, très tôt, j’ai profité de mes relations familiales, grâce à mon oncle, qui a été Chef d’Etat-major Général et Président de la République du Dahomey. Le destin et sa suite naturelle m’ont ainsi préparé à des rencontres avec d’éminentes personnalités à travers le monde. Dans le cadre de mes activités professionnelles et extraprofessionnelles, mes idées et mes projets ont été débattus avec des interlocuteurs transcendants mais aussi ordinaires. En Europe, en Afrique ou ailleurs dans le monde, mon don d’observation et d’écoute, mon discernement m’ont permis de dominer l’aspect des esprits communs, pour situer le rôle privilégié que je souhaite voir jouer le Togo, dans le monde et au niveau de l’homme.

Par conséquent, je peux proposer et faire triompher des solutions de progrès, inspirées par le respect de hautes valeurs humaines. Cette puissante conviction, qui m’anime, détermine mes objectifs, ordonne mes efforts et provoquera les actions que je mènerai, une fois que je serai en charge du destin du Togo. Les impératifs de la liberté humaine, de la dignité de l’africain en général et du bien-être de mes compatriotes en particulier sont les ressorts de mes pensées et vont guider mes actions pour le reste de ma vie. Mon objectif principal est le redressement du Togo, la restauration de la dignité et de la souveraineté nationales, la réforme profonde des nos institutions et des rapports sociaux. Je vais combattre énergiquement l’égarement et la tyrannie des esprits et le régime des partis, qui conduisent à l’abaissement du pays.

Les malheurs éprouvés par les togolais, la pauvreté ambiante et l’humiliation de la patrie et du peuple sont les résultats de la perfidie et de la médiocrité de la classe politique nationale, des interférences étrangères et de la corruption des esprits. Ils découlent également de l’illusion et de la farce de l’attrape de l’aide étrangère. Cette aide étrangère, qui entretient des parasites, des bureaucrates de tout acabit, la corruption, l’oisiveté et l’exploitation éhontée des africains. Ce leurre, qui appauvrit l’Afrique et pousse les africains à l’émigration massive.

Heureusement, l’histoire de l’humanité n’est pas figée ni irréversible. Celle de l’Afrique ne fait que commencer, après l’esclavage, la colonisation, les ravages de la guerre froide et le néocolonialisme. La situation actuelle d’instabilité, de faillite et de désastre du continent crée progressivement un nouvel environnement et un nouvel état d’esprit, qui affectent profondément la culture, l’éducation et les traditions des africains. Il y a donc une transformation en cours, qui remet en cause, peu à peu, tous nos prédicats traditionnels, nos anciens modes de pensée, nos anciens dogmes, nos anciennes formulations, etc. Comme tous les pionniers, j’ai perçu rapidement cette mutation. J’ai compris la nécessité de la définition de nouvelles idées, de nouveaux concepts et des analogies entièrement neuves. J’ai donc créé en 1981 l’association JEUNESSE ACP-CEE en France, avec de jeunes intellectuels européens et africains. Ce forum avait pour but la réflexion et le travail en commun, pour parvenir au co-développement de l’Europe et des ACP (pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique). L’époque était favorable, à cause des grands esprits humanistes, qui nous entouraient. J’avais trouvé les soutiens dans le cadre du Mouvement Européen, de la Maison de l’Europe de Paris, du Parlement Franco-allemand des jeunes, du CNAJEP, de la Commission du développement et de la coopération du Ministère français de la coopération et du développement, du Forum JEUNESSE de la CEE , etc. ; dont j’étais membre et auprès de distingués hommes d’Etat, de grands académiciens et de charitables personnalités, qui partageaient notre vision. A travers l’Europe et, notamment, dans les parlements européens et dans les grandes universités, nous avions divulgué cette vision. L’Association JEUNESSE ACP-CEE a organisé le 28 Février 1984, dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne , plein à craquer, une conférence exceptionnelle sur le thème du co-développement de l’Afrique et de l’Europe. Cette conférence était présidée par le Président Léopold Sédar-Senghor et il y avait à la tribune le Président Edgar Faure, l’académicien Louis Leprince-Ringuet, le recteur de l’académie de Paris Hélène Arwheiller, le Président de la Sorbonne Jacques Bompaire, le Président de l’Association nationale des étudiants indépendants de France et moi-même.

Malheureusement, les grands esprits, qui ont soutenu le projet, ont disparu et les politiciens européens ont continué leurs pratiques néfastes aux intérêts des européens et des africains. La conception de l’aide et de l’action humanitaire, si funeste aux intérêts des peuples, a continué à prévaloir. Les conséquences sont le renforcement des tyrans africains, l’aggravation de la pauvreté en Afrique, la fuite massive des africains de leurs pays, Le développement perturbant de l’immigration clandestine en Europe, l’incapacité de l’Europe à trouver des marchés en Afrique pour ses produits manufacturés trop chers, etc.

Le temps est venu de mettre un terme à ce scandale. Cette habitude de considérer l’africain comme un appendice passif ou inférieur de la race humaine n’est plus tolérable. L’africain doit être considéré comme un être libre, doté du droit naturel d’accéder aussi au progrès et de prospérer à la mesure de ses efforts et de son travail. Notre mission est de libérer l’Afrique et les africains de la tyrannie de la doctrine de l’aide et de l’action humanitaire, propagée de l’Europe. Nous devons soutenir le concept américain de « TRADE NOT AID », qui exige de l’africain qu’il prenne conscience, que seul le travail libère et ennoblit. Ce concept ou cette doctrine rend à l’africain le sens de la dignité et exige de lui le goût de l’effort, du travail et l’esprit de recherche et d’entreprise. Au XXIè siècle et avec toutes ses ressources naturelles, il n’est plus supportable que l’Afrique demeure la vache à lait des autres continents. Nous devons participer activement à la mondialisation. C’est le sens que je donne au « trade not aid ». La politique d’aide a ruiné l’Afrique, rendu les africains dépendants et oisifs. Elle n’a pas permis de créer un marché en Afrique et de donner du pouvoir d’achat aux africains, qui ne peuvent acheter, aujourd’hui, que les produits chinois à bas prix.

Nous ne devons donc plus accepter les gesticulations incantatoires des néocolonialistes. Ils sont nuisibles à l’Europe et à l’Afrique. Le défi asiatique oblige les esprits bien-pensants à adhérer à la doctrine du co-développement. Il permet de comprendre que la science et la technologie ne sont pas la propriété des européens. Il montre que l’Europe n’a pas le monopole du progrès et du développement. En conséquence, une nouvelle conceptualisation et de réalisation pratique permettra d’arracher l’intelligence des africains à la prison de la conception étroite et dangereuse de l’aide, prônée par l’Europe. Cette conception, désuète et néfaste, a profité aux dirigeants despotes et aux élites médiocres en Afrique. Elle a engendré un système culturel puissant et oppressif, qui a maintenu les africains dans la pauvreté, la frivolité et l’oisiveté. Cette conception doit être détruite pour désintégrer le système qu’elle a engendré. Elle doit disparaître pour amorcer le développement en Afrique et pour arrêter l’immigration clandestine des africains en Europe. Elle est le frein au co-développement et nous devons la combattre et la remettre en cause définitivement.

Notre équipe est porteuse d’espoir pour l’Afrique. Il nous revient d’injecter l’adrénaline de la créativité dans la culture et l’économie de nos pays, basées encore sur la conception funeste de l’aide et de l’action humanitaire. Nous devons soutenir que seuls l’effort et le travail acharné pourront sortir l’Afrique du désastre. Il faut détruire pour créer. Soyons courageux et combattons les idées reçues et l’arrogance de ceux qui veulent continuer à faire de nous des mendiants et des obligés. Nous devons être des pionniers et inventer notre destin dans un monde dur. C’est un combat pour le progrès et pour l’homme. Les peuples européens aussi y trouveront leur compte.

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