MA RAISON D’ÊTRE.
Venu dans ce monde en orphelin de père, je n’ai pas su trop tôt que je ne devrais d’abord compter que sur moi-même. Mais après tant de vicissitudes et mis directement aux prises avec mon époque, j’ai appris que je devrais laisser ma marque. J’ai ainsi trempé mon cœur et mon esprit dans les domaines de l’éducation populaire, du journalisme, des affaires économiques et de la politique. Rien ne peut donner la mesure de mon caractère plus que mon courage de dire la vérité et ma volonté d’engagement au service de l’unité, de la dignité, de la liberté et du bien-être des togolais. Le trait dominant de ma personnalité est ce besoin irrépressible de vouloir changer le cours des événements malheureux. Ma proximité avec mon oncle, le Général Paul-Emile De Souza, Chef d’Etat-major de l’armée du Dahomey et Président du Directoire militaire du pays ayant transmis le pouvoir d’Etat au triumvirat, ma participation aux activités de l’Union Générale des Elèves et Etudiants du Dahomey, le coup d’Etat militaire du 26 octobre 1972 au Dahomey dont j’avais été un témoin privilégié, etc, avaient nourri ma vocation. L’adoption par le Gouvernement Militaire Révolutionnaire (GMR) de la doctrine du marxisme-léninisme pour gouverner le pays m’avait amené à m’instruire et à me faire la conviction que cette doctrine était liberticide et illusoire. Au Togo, en France et en Europe, mes expériences et aucun de mes engagements n’ont été le fruit d’une improvisation mais l’aboutissement d’une profonde analyse et l’application aux faits humains et politiques d’une longue réflexion. Je ne procède jamais d’après des rêves mais suivant des réalités. Ayant soutenu François Mitterrand, j’ai été engagé dans la commission coopération et développement du ministère français de la coopération et du développement. Nos avions inventé le concept du Co-développement au moment où Jean-Pierre Cote avait été le ministre de ce département. Naturellement, j’ai été chargé de représenter la France au Parlement européen des jeunes pour les questions de coopération et de développement avec les pays d’Afrique, du Caraïbes et du Pacifique (ACP). C’est durant cette période où ma réflexion se nourrissait d’elle-même par comparaison et analogie que j’avais compris que j’étais investi d’une mission particulière. Elle est de proposer et de faire triompher des solutions de progrès inspirées par la solidarité humaine, la justice sociale et les libertés.
Ma mission
La réalisation de ma mission m’avait conduit à choisir de rentrer au Togo en 1986 comme correspondant rédactionnel permanent du journal économique français Afrique Expansion (groupe CEP) alors que je pouvais aspirer à une riche carrière en France ou en Europe. Mon intuition m’avait averti que le Togo pouvait jouer un rôle privilégié dans la sous-région ouest-africaine et que je pouvais y contribuer. Mais pour réussir, le pays devrait être démocratique, paisible, uni et ordonné. Malheureusement, la propension à la division de la classe politique, les relents ethniques et l’ignorance ambiante ont profondément déstabilisé le pays et ont fini par le ruiner. Retiré au Ghana par dépit, j’ai pu nouer des relations personnelles et politiques qui m’ont permis de contribuer à l’élection d’un ami comme Président de la République du pays. C’est aussi dans ce pays que j’ai connu ma plus grande blessure humaine avec la violation de mes droits les plus élémentaires par des individus véreux et des responsables politiques revanchards. L’engeance a porté atteinte à ma réputation et m’a révélé l’autre face gangrenée du pays. Ayant été déjà trois fois candidat à la présidence de la République au Togo, je connais mieux que quiconque mon pays et son peuple. La grande vocation humanitaire que je porte me force à demander aux togolais de taire les nombreuses raisons de leurs dissensions, de s’unir pour travailler avec ardeur dans la discipline et dans l’ordre afin d’éradiquer la pauvreté, qui est la cause des ignorances et de nos malheurs. Dans l’agenda et la vision que je propose à mes compatriotes se trouvent les ressorts de leur émancipation, de leur liberté et de leur bonheur. Par ailleurs et comme par prescience, je savais qu’à la faillite du communisme suivra celle de l’économie de marché. Car il est impensable et inacceptable qu’une oligarchie financière s’accapare abusivement, sans conséquence, des richesses des nations, dépouille les Etats des attributs de leurs souverainetés grâce aux politiques de privatisation et organise leur gouvernance par des technostructures bureaucratiques supranationales. La financiarisation effrénée de l’économie mondiale ne pouvait que nuire à l’économie de la production et de la création. Elle a provoqué des escroqueries dans les grandes banques mondiales et elle entretient une spéculation immodérée sur les matières premières aggravant la misère des pays pauvres et les souffrances en leur sein. Les togolais et les africains doivent comprendre que la vraie liberté, l’indépendance réelle de nos Etats et notre salut résident dans notre capacité à travailler ardemment et dans notre sens de la responsabilité individuelle. Pour ne pas laisser nos populations s’éterniser dans la pauvreté, nous devons viser haut, cesser de mendier des aides extérieures et abandonner le complexe d’infériorité. Cette certitude que j’exprime ouvertement et la passion intransigeante que je porte au Togo et à l’Afrique dérangent. Je souffre aussi de tant de dons gaspillés dans nos pays à cause des divisions, de l’aveuglement tragique des hommes politiques et de l’oisiveté organisée dans nos sociétés. J’agis donc pour que la nation togolaise reprenne conscience d’elle-même et réapparaisse renouvelée et dynamique. Sachant que la société des peuples vit et se développe par l’échange dans le domaine de l’esprit comme dans celui de la matière, je soutiens que de profondes réformes de la CEDEAO et de l’UEMOA doivent être engagées sans délai pour le redressement économique de nos pays et pour élever nos populations à la dignité humaine. Les clameurs des partisans, les trotte-menu du désespoir et les lubies ne peuvent flétrir mon combat. Rien de grand ni de bien ne pourra être réalisé sans les grandes disciplines acceptées sous la conduite d’un Etat fort et dans l’ardeur d’un peuple uni. Le rude avenir est à ceux qui sont résolus. Il n’y a donc qu’un devoir qui existe pour nous tous, c’est de nous unir autour du Togo. Mon engagement politique est irrévocablement destiné à être le souffle qui animera l’immense élan du pays en vue de son redressement et de son unité.
Nicolas LAWSON
Président du PRR