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14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 11:09

Lomé, le 14 Août 2009

 

Excellence

Monsieur Faure Gnassingbé

Président de la République

Présidence de la République

Lomé

République du Togo

 

Objet : Lettre ouverte

 

Monsieur le Président de la République,

 

Suite à mon invraisemblable mésaventure au Ghana et à la co-signature par l’Etat togolais de l’infamante caution du BNI pour me permettre de retrouver mon entière liberté, je tiens à vous remercier formellement et à vous exhorter à agir aussi positivement en toutes circonstances dans l’intérêt de notre pays et de tous nos compatriotes à l’intérieur et à l’extérieur. En intervenant pour mettre un terme à un abus caractérisé de mes droits par des services de police et de renseignements d’un gouvernement étranger et en accordant la protection policière à Mr Gilchrist Olympio pour lui permettre de circuler librement au Togo, il est normal de vous en savoir gré. Mais il est aussi raisonnable et indiqué de déplorer l’absence de protestation officielle du gouvernement togolais pour ma détention arbitraire pendant 13 jours sans un contact avec un avocat ou un juge. Il est également légitime de manifester de la réprobation pour le profil bas que votre gouvernement avait observé quand des supporters de notre équipe nationale avaient été violentés dans un pays voisin. Il est temps qu’on respecte les togolais à l’étranger.

Je saisis donc l’occasion pour vous dire que la nécessité de l’affirmation de notre souveraineté, de la réforme de notre système judiciaire, du renforcement et d’un meilleur équipement de notre police et de notre gendarmerie et du respect de tous les principes d’un Etat de droit sont de première urgence. Je veux rappeler également que le déchaînement de campagnes par certaines presses dénigrantes, tendancieuses, toutes haineuses et puériles, qui visaient à ruiner mon image dans l’esprit public, ne peut pas m’empêcher de continuer mon combat en faveur de la masse laborieuse et populaire et à faire des propositions pour le salut de la nation. Je sais que rien ne coûte aux méchants pour anéantir leurs incommodes adversaires. C’est pourquoi, les machinations et les calomnies ne peuvent pas détourner un intrépide ami de la vérité et de la liberté du service à sa patrie et pour l’élévation de l’africain à la dignité humaine.

Pour parler de vrai progrès de la démocratie au Togo, la presse d’Etat doit être libre et objective. Or la discrimination de la télévision togolaise à mon endroit  et à l’égard de notre parti est manifeste. Si son Directeur Général actuel, Kuessan Yovodevi, ne refuse pas tout simplement d’autoriser la couverture de nos conférences de presse, il ne laisse passer la diffusion que de manière orientée et grossière. Cet ostracisme, ajouté à celui que les partis traditionnels exercent contre notre parti pour nous écarter des institutions chargées des élections, est une flétrissure et un déficit démocratique.

Une telle réalité révèle aussi que les faux opposants et faux démocrates, dès lors qu’ils accèdent à des postes de responsabilité dans l’appareil d’Etat, deviennent des anti-démocrates et dévoilent leur fourberie. C’est l’une des raisons pour laquelle nous ne nous associons pas avec un des deux camps antagonistes de la classe politique pour faire une coalition ou une alliance contre l’autre camp. Il ne suffit pas de se proclamer un vrai opposant pour être un démocrate et un patriote.

Monsieur le Président de la République, en acceptant le compromis à Ouagadougou sur la composition de la CENI, avec la seule représentation en son sein des partis traditionnels et au mépris des partis ayant présenté et souhaitant présenter en 2010 des candidats à la présidence de la République, les principes de l’égalité et de la justice ont été bafoués. Les décisions du passé ne peuvent pas et ne doivent pas prévaloir sur le présent et sur l’avenir. Cette injustice et cette anomalie font que nous trébuchons de crises en crises et de dialogues en dialogues. Comment un pays et son peuple peuvent-ils progresser s’ils sont pris en otage par une élite politique rétrograde qui empêche la société de puiser sa force dans le riche vivier des nouvelles générations ? Après les élections législatives du 14 Octobre 2007 et l’annonce des candidatures pour l’élection présidentielle de 2010, on ne peut plus conserver les accords désuets du passé. Nous devrons recadrer et réaligner notre vie politique à l’aune des réalités du présent et de l’avenir

Nous sommes à la charnière de deux périodes de notre histoire. Il est archaïque et suicidaire de vouloir perpétuer le passé et de laisser les dinosaures incarner notre présent et notre avenir. Le moment est propice pour faire preuve d’un audacieux esprit d’adaptation au présent, d’innovation dans nos décisions et pour lancer la vague d’un changement historique. La décrépitude de nos structures politiques et la répugnance des leaders traditionnels à des changements fondamentaux sont dangereuses. Nous savons que la perspective de transformations politique, économique et sociale en profondeur effraie tellement ces leaders traditionnels que le maintien du statu quo, si surréaliste et accablant soit-il, leur convient. Après la disparition du Général Eyadema, les dinosaures de l’opposition jouent à la balançoire, dialoguant à souhait avec le RPT, participant au gouvernement à loisir et s’entendant sur l’essentiel pour écarter la nouvelle génération de politiciens prometteurs. A l’heure où nous entrons dans une nouvelle ère historique, ils fantasment sur des dogmes et des slogans dépassés, abrutissent et agitent notre jeunesse par des mythes truqués et des ressentiments. Sans vision, sans projet de société pouvant relever les défis de notre temps et en état permanent d’acrimonie, leurs conduites provoquent les violences et des crimes qui désespèrent notre peuple et accentuent la ruine du pays. Dans ces conditions, la volonté de votre parti et votre prétention de conserver le pouvoir, malgré la faillite économique et la défaveur politique, peuvent encore engendrer des convulsions violentes et le danger de nouveaux déchirements sociaux.

Notre parti, le PRR, vous exhorte à œuvrer pour l’élargissement de la démocratie et à combattre ceux qui cherchent désespérément à nous faire retourner vers le passé et qui tentent de ressusciter et de replâtrer le monde moribond où ils ont vu le jour. Le Président Barack Obama a dit, en écho à mon credo, que nous pouvons, en anticipant l’émergence  d’une société nouvelle et prospère, participer à son enfantement. Au PRR, nous sommes des innovateurs politiques, économiques, sociaux et culturels. Vous savez comme nous que la crise financière et économique mondiale est grave et combien est périlleuse l’impuissance dans l’action politique. Les incertitudes politiques peuvent donc libérer des énergies d’une grande brutalité. Après avoir démêlé les causes des maux qui affligent notre nation, essentiellement la corruption, l’incompétence, l’irresponsabilité et les ambitions malsaines des élites, la crétinisation de notre peuple par la classe politique traditionnelle, les violations de la volonté populaire, etc, nous devons poser avec précision les principes et proposer l’agenda pour délivrer les togolais de ces maux.

Le défunt Président Eyadema n’a pas malheureusement su quitter le pouvoir à temps. Il s’y était accroché désespérément pour jouir de ses faveurs et pour se protéger de ses ennemis et adversaires. Par conséquent, il était sorti par la petite porte de l’histoire en laissant un héritage empoisonné. Vous êtes jeune et la providence vous a déjà favorisé. Vous devez quitter le pouvoir en 2010 pour marquer l’histoire. Vous aurez l’occasion d’y exercer ce pouvoir plus tard en y accédant plus démocratiquement et sans l’écoulement du sang des martyrs de la démocratie. Saisissez la chance que la providence vous accorde et ne succombez pas à l’ambition, à la duplicité des courtisans et à la perfidie des corrompus. L’histoire et notre peuple vous en sauront gré de ne plus  nous exposer à de nouveaux déchirements qui peuvent creuser le tombeau de la démocratie et aggraver la pauvreté et la ruine du pays. Le trône que vous occupez est actuellement en poussière. Seul un nouvel élu du peuple peut le transformer en argent ou en or.

Nous savons que le pouvoir est source de faux honneurs et de richesses pour ceux qui vous soutiennent. Le PRR les assure qu’il ne se concentrera que sur le redressement du pays et sur notre avenir. Notre plan de relance de 1.500 milliards de FCFA permettra de créer des milliers d’emplois productifs, des richesses équitablement partagées, la réhabilitation et la construction des infrastructures. Il faut de grands rêves pour réaliser de grandes choses. C’est dès 2010 que nous devons engager la reconstruction du Togo. Au PRR, nous sommes persuadés que l’avenir du monde se trouve en Afrique et le Togo sera le modèle à suivre. Nous pouvons vaincre la pauvreté. Nous pouvons éviter les inondations dans notre capitale. Nous pouvons transformer en profondeur notre pays. Nous vous invitons donc solennellement  à sacrifier votre ambition personnelle et ceux de vos amis pour permettre à notre peuple de retrouver sa joie de vivre, son unité et sa dignité.

Veuillez trouver ici, Monsieur le Président de la République, l’assurance de ma haute considération.

 

 

 

 

Nicolas LAWSON

Président du PRR

Candidat à la Présidence de la République

 

Copies : Ambassadeurs, Partis politiques, Presse.  

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