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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 21:50

La réalité se structure dans l’interrelation avec les autres. Nous sommes tous pris dans un réseau inévitable de réciprocité et nous sommes ainsi entraînés dans une destinée commune. Quand individuellement ou collectivement dans une nation, nous ne prenons pas en compte cette interdépendance, c’est alors qu’une tragique folie s’empare de nous.

Avec l’explosion des technologies nouvelles, des télévisions par satellites, des radios en bandes FM, des moyens de transports de plus en plus rapides et performants, nous suivons directement les changements majeurs dans le monde et nous assistons au choc des nouvelles valeurs, au développement des nouveaux rapports géopolitiques, à la dévastation des crises sociales et politiques, aux dégâts écologiques, aux ravages des fanatismes religieux et tribaux et à la déshumanisation des sociétés en corrélation avec toutes les violences engendrées. Nous sommes moralement et intellectuellement interpellés.

La situation exige une nouvelle conscience puisqu’elle contribue à déchirer nos sociétés, à ébranler les fondations des économies nationales, à paralyser les systèmes politiques et à dynamiter les valeurs morales. Elle affecte presque toutes les sociétés, mettant en danger l’ensemble de nos caractères sociaux et culturels, la civilité et les libertés de nos enfants. Ce bouleversement global et brutal exige une restructuration positive et créatrice sans précédent. L’accélération de l’histoire avec la crise économique et politique en France, la guerre au Moyen-Orient et en Ukraine, les violences en Libye, en République centrafricaine, au Nigeria, la catastrophe humanitaire au Liberia, en Guinée, en Sierra-Leone à cause du virus Ebola, affectant toutes les économies de notre sous-région, etc., doivent nous forcer à ne pas rétrécir notre champ de compréhension, de réflexion et d’action sur notre seul pays mais à l’élargir.

 

La démocratie n’est pas un principe

Le journal La Lettre de la nation que j’avais créé en 1990 proclamait que « Toutes choses naissent d’un principe mais que le principe ne peut naître d’aucune chose ». Une réalité intangible, qui me conduit à réaffirmer que le mensonge n’est vrai que pour ceux qui n’aiment pas la vérité. Cependant, il n’est pas facile pour tout le monde de juger le véritable caractère et les instincts permanents de la démocratie. Pourtant, il est essentiel de faire la part entre les principes, qui favorisent la démocratie, et les passions que le combat pour la démocratie fait naître. Dans notre pays où les divisions sont congénitales, il y a des périls à craindre si la démocratie est livrée à ses propres pentes. Les allures de la démocratie ne peuvent pas encore être naturelles compte tenu de notre histoire. Ses mouvements prendront donc du temps pour être libres.

Puisque le peuple ne saurait gouverner lui-même directement, le vote universel lui permet d’appeler à la direction des affaires du pays des hommes dignes de la confiance publique. Mais si le mérite est commun parmi les gouvernés, il est souvent peu chez les gouvernants. L’instinct du peuple, ses lumières et ses moyens ne lui permettent pas toujours de désigner ceux qu’un même désir anime et qui sont les plus capables de tenir en main le pouvoir et de le féconder. Alors, les tartuffes politiques de tous genres savent si bien le secret de lui plaire que ses véritables amis y échouent.

Il est incontestable que la masse des citoyens veut très sincèrement le bien du pays. Mais il leur manque toujours, plus ou moins, l’art de juger des moyens tout en voulant franchement la fin. Nul ne peut dissimuler que les institutions démocratiques développent à un très haut degré le sentiment de l’envie et des intérêts personnel et partisan. Malheureusement, les instincts naturels de la démocratie portent les grands talents et les hommes distingués à s’éloigner de la carrière politique, puisqu’il leur est si difficile de rester complètement eux-mêmes et d’agir sans s’avilir. Un instinct non moins fort conduit la masse du peuple à les écarter du pouvoir politique. De ce fait, quand on a trop de réserve dans les manières et trop de sévérité dans les principes, il est malaisé de réunir la majorité des suffrages à une élection qui repose sur le vote universel.

Pourtant, on ne peut pas nier que lorsqu’il y a de grands périls qui menacent l’Etat et la société, le peuple reconnait et choisit avec bonheur les citoyens les plus aptes à le sauver. Dans un danger pressant, l’homme reste rarement à son niveau habituel. Il s’élève au-dessus ou tombe en dessous. C’est ce qui arrive aussi aux peuples. Les dangers peuvent donc élever une nation ou achever de l’abattre. Ils soulèvent souvent ses passions sans pouvoir toujours les éclairer. Aucun peuple n’échappe à cette réalité. C’est pourquoi, la démocratie, qui n’est pas un principe, n’est pas toujours la panacée. Il faut d’abord impérativement habituer le peuple à respecter les supériorités intellectuelles et morales et s’y soumettre avant de le livrer aux instincts de la démocratie.

L’éducation et la liberté, qui sont filles de la morale et de la religion, doivent former la société à des maximes et des habitudes. Pour construire une société démocratique viable, paisible et prospère, nous devons combattre les passions de la démocratie et agir pour que les lumières et surtout les mœurs exercent sur ses penchants une influence puissante et durable.

 

Rassembler et Unir

L’Etat ne peut croître et la société prospérer s’ils sont livrés aux petites passions qui les agitent et aux vices qui les déshonorent. La nation togolaise veut renaître libre et grande. C’est la raison pour laquelle, elle est très réceptive au message de la réconciliation. Elle ne veut pas s’abîmer dans le désordre ruineux des luttes politiques. Aussi, plus le mensonge, l’intolérance, la corruption et les violences s’exercent à nous maintenir à terre, plus le peuple réclame l’union pour la République du côté du pouvoir et l’union de l’opposition. Incontestablement, les difficultés matérielles et morales que nous devons vaincre et les sacrifices que nous devons endurer pour sortir de la crise et fonder notre démocratie exigent de resserrer la cohésion nationale.

Nous devons nous convaincre que nous avons évité les plus grands périls et que nous avons dépassé les plus grandes souffrances. Pour ne pas échouer avant d’atteindre la terre promise, nous devons être unis, patients et laborieux. Il est capital de comprendre que dans le monde complexe et déchiré dans lequel nous vivons, il n’y a pas de sécurité, de liberté, de paix, de bonheur et d’efficience pour nous sans les grandes disciplines acceptées sous la conduite d’un Etat fort et dans l’ardeur d’un peuple uni. Le rassemblement et l’union sont les deux mamelles du salut de notre patrie. Nous trainons avec nous tant de querelles et d’innombrables préventions. Mais nous sommes de bonnes personnes, capables majoritairement de nous comprendre, de nous estimer et de nous entraider. Nous devons tourner notre vitalité et notre intelligence vers le grand but d’intérêt commun au lieu de continuer à nous diviser pour des questions politiciennes.

La seule querelle qui vaille aujourd’hui est celle de l’unité de la nation, du bien-être de la population, de la paix sociale, de la stabilité politique, de la justice sociale, de la dignité individuelle et collective, de l’ordre et de la discipline et du développement économique. Au-delà de nos divergences politiques, de nos intérêts particuliers et partisans, il n’y a qu’un devoir qui s’impose à nous tous, ce sont la sécurité intérieure et extérieure du pays et la protection de chaque togolais. Nous avons donc le droit d’être de tendances diverses et divergentes. Mais il est indispensable que soit pris en considération prioritairement le respect de l’intérêt national. Nul n’a le droit de nuire à cet intérêt-là parce qu’il contient tous les autres et est au-dessus d’eux.

Notre société doit se réédifier sous une discipline renouvelée. La grande réforme de notre génération, c’est de transformer matériellement notre nation dans ses profondeurs, de changer les conditions sociales et morales de notre peuple, de rendre les rapports humains plus fraternels, plus dignes et plus efficaces, de travailler ensemble et de participer activement à bâtir la grande, nouvelle, paisible, unie et prospère société dont nous rêvons. Prenons donc garde de ne pas confondre les principes avec les passions.

 

Nicolas LAWSON

Président du PRR et du CIRPAD

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